Encyclopédie Polaire

LE SEIGNEUR DE L’ARCTIQUE

L’ours polaire est le plus grand carnivore du monde : un gros mâle peut dépasser 700 kg ! En mer, il se nourrit essentiellement, sur la banquise, de phoques venus respirer à la surface ; mais à terre, il peut apprécier œufs, végétaux, voire détritus. Tout en haut de la chaîne alimentaire océanique, il est parfois classé parmi les mammifères marins.

UNE REMARQUABLE ADAPTATION

Sous sa fourrure immaculée qui l’aide à se fondre dans le paysage, une couche de graisse protège l’ours du froid, tout en lui assurant une réserve d’énergie. Sa peau noire absorbe la chaleur, “canalisée” par ses poils blancs. Ses petites oreilles, sa forme ramassée limitent les pertes caloriques. Pour marcher sur la neige sans s’enfoncer, ses larges pattes s’étalent comme des raquettes.

UN ANIMAL SANS PRÉDATEUR… OU PRESQUE

À part l’homme, l’ours polaire n’a pas de prédateur : il règne en maître sur son territoire. Naturellement très curieux, il explore tout ce qui est nouveau ; une fois sa curiosité satisfaite, en général, il s’en va… Malgré son aspect de gros nounours, c’est un animal dangereux ; mais il est protégé et on ne peut le tuer qu’en cas de danger imminent.

UN ÉTERNEL VAGABOND

Les ours sont aussi à l’aise en mer qu’à terre. Les mâles sont des solitaires qui se déplacent en général sur de vastes territoires. Les femelles, pour mettre au monde leurs petits, creusent une tanière dans la neige, où elles jeûnent tout l’hiver. Les oursons naissent aveugles, sourds et sans pelage ; ils restent 2 ans près de leur mère et seuls 60 % arriveront à l’âge adulte.

LES ANCÊTRES DE L’OURS BLANC

Les scientifiques n’ont jamais retrouvé de fossiles d’ours blancs ( Ursus maritimus ) : ils sont donc probablement récents. Il y a 200 000 ans, leurs ancêtres étaient des ours bruns adaptés à la vie littorale, qui pêchaient déjà le phoque.

UN ÉQUILIBRE ALIMENTAIRE TRIBUTAIRE DES SAISONS

De mars à juin, les ours chassent les phoques sur la banquise. Ils mangent jusqu’à 40 kg de nourriture par jour (essentiellement la graisse) et peuvent stocker ainsi jusqu’à 26 cm de gras sous leur peau. Mais lorsque la banquise fond, en été, les périodes de jeûne peuvent être longues. Le mâle peut se passer de nourriture pendant 6 mois.
Les femelles, elles, passent 7 à 8 mois, l’hiver, dans leur tanière de neige, où elles allaitent leurs petits, sans se nourrir.

UNE GESTATION PROGRAMMÉE, POUR ATTENDRE LE PRINTEMPS

Les ours s’accouplent en avril-mai. Une fois fécondé, l’ovule voit sa maturation “suspendue” jusqu’en septembre-octobre : la femelle cherche alors une zone abondante en neige pour creuser un nid dans lequel elle passera l’hiver. Les petits naissent généralement en décembre et seront allaités dans la tanière jusqu’au printemps. Ainsi, le retard programmé des ovules permet aux futurs oursons de découvrir le monde à la saison la plus favorable (nourriture, conditions climatiques).

L’OURS EST JOUEUR ET CURIEUX…

Il lui arrive de rentrer dans les maisons, de grimper sur les bateaux, de chercher à monter dans les bus, de jouer avec le vent… Les oursons, eux, font du toboggan sur les pentes neigeuses, coursent les oiseaux… : autant de façons d’apprendre sans cesse à résoudre de nouveaux problèmes. Et si ces qualités d’adaptation étaient indispensables à la survie de l’ours blanc, dans un environnement si rude ?

DES OURS ET DES HOMMES

Churchill : dernière ville canadienne avant le désert arctique. À la fin de l’automne, on y a compté jusqu’à 60 ours, attirés par les décharges. Les hommes tentent de les éloigner pour éviter qu’ils ne perdent l’habitude de se nourrir dans leur habitat naturel. En effet, la nourriture qu’ils trouvent autour des villes est très différente de ce qu’ils mangent dans la nature et l’on ne connaît pas les risques que ces changements alimentaires leur font courir.

AU BOUT DE LA CHAÎNE ALIMENTAIRE MARINE : NOS DÉCHETS TOXIQUES

DDT, PCB, hydrocarbures, métaux lourds, radio nucléides : dernier maillon de la chaîne alimentaire océanique, l’ours blanc stocke dans ses graisses, tous les polluants ; aussi bien ceux rejetés par les exploitations minières et pétrolières locales que ceux qui sont acheminés jusqu’à eux par les cours d’eau, les courants marins et la circulation atmosphérique.

ATTENTION : ESPÈCE PROTÉGÉE !

La première Conférence internationale sur les ours polaires s’est tenue en Alaska en 1965. Car, bien au-delà de l’époque héroïque des trappeurs, les “chasses à l’ours” ont fait par le passé des centaines de victimes (jusqu’à 100 par hiver, pour un chasseur, grâce à des fusils à appât) ; de véritables safaris ont été organisés par bateaux, avions, hélicoptères, jusqu’au milieu des années soixante.
Désormais, un accord international, respectant toutefois les coutumes indigènes locales lorsque c’est nécessaire, protège les ours blancs ainsi que leur habitat. Et leur population serait passée de 5 000 à plus de 20 000 individus dans tout l’Arctique.
Mais les polluants aussi bien que le retrait avéré de la banquise – leur territoire de chasse – pourraient bien les mettre à nouveau en péril.

JEAN-LOUIS ETIENNE ET LES OURS BLANCS

“Un ours ! Dressé sur ses pattes arrières, le redoutable carnivore était là, derrière le mur, ses griffes puissantes accrochées au cadre de l’ouverture. Pétrifié d’étonnement et d’excitation, j’avais du mal à rester calme. Utwig ne bougeait pas d’un pouce, sa tête à la hauteur de celle du fauve. De sa truffe noire, l’animal dessinait des ronds et des huit à la barbe blanche du vieux sage. Ses yeux malicieux, attendrissants, en disaient long sur ses intentions gourmandes. À cet instant, Utwig approcha lentement une cuillère de confiture en marmonnant des mots tendres, l’ours inclina la tête, sortit sa langue et lécha calmement avec une infinie délicatesse.”
“La complainte de l’ours” JL Etienne, JC Lattès, 2001)

LE SAVIEZ-VOUS ?

> L’ours blanc marche à 4 km/h et court à plus de 40 km/h ; mais il ne peut pas courir longtemps et, s’il est par exemple pourchassé par une motoneige ou un hélicoptère, il peut mourir d’une crise cardiaque.

> L’ours va l’amble : il marche en mettant ses pattes postérieures dans les traces de ses pattes avant. Peut-être pour perdre moins de chaleur…

> Les ours polaires sont tellement au chaud dans leur couverture de poils et de graisse que, l’été, ils recherchent les zones encore enneigées ou se creusent un abris, au frais, dans le permafrost !

> Pour les Esquimaux, l’ours blanc est pisugtooq, “l’éternel vagabond”.

POUR ALLER PLUS LOIN …

BIBLIOGRAPHIE

  • Arctic Flora and Fauna : status and conservation – CAFF, Conservations of Arctic Flora and Fauna – Helsinski Edita – 2001
  • L’Arctique et l’environnement boréal, P. Avérous – CNDP -1995
  • In the land of polar bear – Norsk Polarinstitutt
  • La complainte de l’ours, Jean-Louis Etienne – J.C. Lattès – 2001
  • Un mammifère amphibie – Science et Avenir, hors série, N°129 – janvier 2002
  • Rencontre avec l’ours blanc – Science et Avenir, hors série, N°129 – janvier 2002
  • L’atlas de la vie sauvage, Ed. R. Malherbe – 1985 

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