SOMMAIRE
OCÉAN ET VIE MARINE
- L’ARCTIQUE ET LA CIRCULATION OCÉANIQUE
- GENÈSE DE L’OCÉAN ARCTIQUE
- LE PLANCTON ARCTIQUE
- BIODIVERSITÉ MARINE ET RÉSEAU ALIMENTAIRE
- BALEINES ET AUTRES CÉTACÉS
- PHOQUES ET MORSES
VIE TERRESTRE
- LA FLORE POLAIRE
- LA FAUNE POLAIRE
- L’OURS BLANC
- LES OISEAUX DE L’ARCTIQUE
- EVOLUTION DES ESPÈCES ET CLIMAT
HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE
- GÉOGRAPHIE DES RÉGIONS ARCTIQUES
- PÔLE NORD GÉOGRAPHIQUE, PÔLE NORD MAGNÉTIQUE
- A QUI APPARTIENT L’ARCTIQUE ?
- LES DÉCOUVREURS DU GRAND NORD
- LES INUITS
- LES AUTRES PEUPLES DU GRAND NORD
- L’ARCTIQUE AUJOURD’HUI
UN OCÉAN CACHÉ SOUS LA BANQUISE
L’océan Arctique, centré sur le pôle Nord géographique, couvre environ 13 000 000 km2. Ses fonds ne sont connus que depuis quelques dizaines d’années. Sorte de Méditerranée boréale quasi fermée par le détroit de Béring, il est enserré par les grands continents de l’hémisphère nord et ne s’ouvre largement que vers l’océan Atlantique, entre le Groenland et la Scandinavie.

DES BASSINS ABYSSAUX…
Le centre de l’océan Arctique est occupé par des cuvettes profondes de 3 000 à 5 000 m, séparées par des chaînes sous-marines dont les sommets culminent à près de 1000 m sous la surface. Cette morphologie complexe reflète une histoire géologique longue et tumultueuse.
… BORDÉS DE MERS PEU PROFONDES ET D’ARCHIPELS
Au nord de l’Eurasie, un vaste plateau continental s’étend jusqu’à 1 300 km des côtes, créant des mers bordières peu profondes, d’où émergent plusieurs grandes îles. À l’opposé, au nord du continent américain, la multitude d’îles de l’archipel canadien forme un réseau d’étroits chenaux très profonds, sur-creusés par les glaciers.


UNE GÉOGRAPHIE, MÈRE DE NOTRE CLIMAT
L’océan Arctique est une sorte de cul-de-sac de l’océan Atlantique dont il est le prolongement naturel. La large ouverture entre Groenland et Spitzberg permet de vastes circulations de masses d’eau, tant en surface qu’en profondeur. Ce brassage génère d’importants échanges de chaleur, clefs du climat de l’hémisphère Nord.
DES COURANTS MARINS : DES DISTRIBUTEURS DE CHALEUR
Les océans ne sont pas immobiles. Au contraire, courants de surface et courants profonds les animent en permanence.
Les courants de surface (0,1 à 0,5 m/s) sont entraînés par l’action des vents ; les courants profonds, beaucoup plus lents, sont dus aux différences de densité de l’eau de mer, réglées par les températures et les salinités. Tous ces courants sont, lors de leurs déplacements, déviés par la rotation du globe (force de Coriolis).
L’océan reçoit beaucoup de chaleur sous les tropiques. De là, les courant de surface transportent les eaux chaudes vers les hautes latitudes, où la chaleur est restituée à l’atmosphère. Ensuite, l’eau, refroidie et donc plus lourde, plonge en profondeur et repart vers les tropiques, emportée par la circulation profonde (eau profonde nord atlantique par exemple).
Les masses d’eau océaniques tempèrent ainsi les rigueurs des régions froides et modèrent la température des régions chaudes. Comprendre la circulation océanique mondiale c’est donc mieux comprendre les climats de la Terre ; et toute variation océanique altère les climats.


Le fond des seuils sous-marins nordiques sont marqués par les courants…
L’OCÉAN ARCTIQUE : LE CUL-DE-SAC DE L’OCÉAN MONDIAL
Le fond de l’immense cuvette océanique boréale communique par un étroit sillon sous-marin (fosse de la Léna, dont la profondeur maximale dépasse 4 000 m) avec un deuxième domaine, le bassin scandinave, trois fois plus petit, qui s’étend entre le Svalbard, la Norvège, l’Islande et le Groenland. Ce bassin scandinave est, lui, largement ouvert sur l’Atlantique de part et d’autre de l’Islande.
L’eau qui pénètre dans l’océan Arctique par le détroit de Béring, poussée par le courant giratoire de la mer de Béring, est réduite à une couche superficielle (seuil d’une quarantaine de mètres de profondeur) ; côté Atlantique en revanche, la branche du puissant courant nord atlantique, qui rentre le long de la Norvège, est large généreuse (seuils vers -200 m et -500 m, soit une “ouverture” 200 fois plus importante qu’au détroit de Béring). Ainsi, si l’océan Antarctique est le rond-point des eaux océaniques mondiales, l’océan Arctique, au contraire, en est en quelque sorte le cul-de-sac, le point de rebroussement.
Les sorties d’eau se font essentiellement de deux façons : en profondeur, de la mer de Norvège vers l’Atlantique, et en surface par les courants du Groenland et du Labrador. Pratiquement rien ne ressort par le seuil de Béring vers le Pacifique.
EAUX DE FOND ET EAUX DE SURFACE
En profondeur, la circulation océanique arctique est très différente de celle de la surface.
Toutes les eaux venues de l’Atlantique Nord y retournent, car la sortie vers le Pacifique est condamnée. Au niveau du Svalbard, les eaux atlantiques, plus salées et plus denses quoique moins froides, plongent sous les eaux polaires formées en surface dans le vaste bassin arctique ; cette plongée est nettement marquée par une frontière hydrologique sinueuse : le front polaire. Là, ces eaux pénètrent en profondeur dans le vaste bassin boréal, où on les reconnaît à leur température toujours positive et leur salinité supérieure à 35 %. Cette masse d’eau intermédiaire longe tout d’abord le talus eurasiatique, puis, piégée dans les bassins sous-marins successifs, s’en retourne et ressort par le profond sillon de la Léna vers le bassin Scandinave et la mer du Groenland.
Tout au fond du bassin eurasiatique – le plus profond – une couche d’eau de température négative, formée au niveau du plateau continental, demeure piégée, ne pouvant franchir la chaîne de Lomonossov.

…alors que les plaines, calmes, ne le sont pas.
LE BASSIN BORÉAL : 3 MASSES D’EAU SUPERPOSÉES
En général, une couche superficielle d’environ 150 m d’épaisseur, relativement douce (à cause des apports environnants) et dont la température demeure toujours négative, recouvre une couche intermédiaire qui descend jusque vers 900 m, plus chaude (> 0° C) et plus salée (> 35%°); puis jusqu’au fond, circule une couche profonde à peine moins salée, mais de température à nouveau légèrement négative.
D’autres subdivisions, parfois saisonnières, apparaissent dans les mers nordiques.
UNE CATARACTE SOUS-MARINE
Au fond de l’océan Arctique, l’eau peut s’en échapper vers le sud en débordant au-dessus des seuils sous-marins du détroit du Danemark et des îles Féroé. Ainsi naît le courant de fond de l’Atlantique Nord, qui s’écoule en véritables “cataractes géantes” sous-marines.
Au sud du seuil groenlando-islandais, l’eau forme une cataracte de 2 000 mètres de dénivelé et de 200 km de large ; vers 3 500 m de profondeur, elle constitue l’eau profonde de l’Atlantique Nord. Pendant sa descente, l’eau de la cataracte se mélange probablement avec de l’eau plus chaude (venue en particulier de la Méditerranée occidentale), de sorte que l’eau profonde de l’Atlantique Nord est un peu plus chaude que l’eau de fond antarctique, qui arrive, elle, du sud, et forme une couche distincte au-dessus.
Ces cataractes ont un débit au moins 25 fois plus que celui de l’Amazone !
QUELQUES DÉBITS DES GRANDS COURANTS OCÉANIQUES :
- Courant circumpolaire Antarctique : 130 Sv*
- Gulf Stream : 90 Sv
- Cataracte sous-marine du détroit du Danemark : 2,5 à 5 Sv
- Courant de Béring : environ 1 Sv
- Tous les fleuves du monde : 1 Sv
* 1 Sv (Sverdrup) = 1 million de m3/s
L’OCÉAN ARCTIQUE : ENCORE BIEN DES MYSTÈRES
L’océan Arctique est l’un des moins étudié du monde. Bien que polaire, il est totalement différent de l’océan Antarctique par de nombreux aspects : ses larges plates-formes continentales, son ouverture active (dorsale), son extension jusqu’au pôle, ses importants apports d’eau douce par les fleuves, sa dynamique propre des glaces…
Circulation des eaux, processus d’englacement et de dégel sont encore très hypothétiques. La modélisation de l’océan Arctique sur ordinateur pose de graves problèmes ; en particulier, les phénomènes à petite échelle sont mal connus. Pourtant, cet océan joue un rôle prépondérant dans le climat planétaire – et davantage encore européen – car il produit une grande partie de l’eau profonde mondiale et doit “répondre” aux activités humaines, la plupart relativement proches.

