Encyclopédie Polaire

LES MANCHOTS

Les manchots sont des oiseaux de l'hémisphère Sud qui vivaient déjà là avant la formation de la calotte glaciaire. Leur ancêtre - parent des pétrels - volait bel et bien, mais des changements de morphologie sont apparus il y a 45 à 65 millions d'années. Les ailes se sont réduites et transformées en ailerons, et le corps s'est adapté au milieu marin. Les fossiles du plus grand manchot (Anthropornis grandit 1,8 m.) ont été trouvés sur l'île Seymour. Les manchots sont des Sphéniscidés. Il en existe 18 espèces, dont 8 sont propres aux régions antarctiques (l'empereur et l'Adélie sont même cantonnés au pourtour du continent.) ; les autres nichent dans les régions subantarctiques à subtropicales et leur répartition se fait selon des cercles concentriques autour de l'Antarctique, en fonction des températures de l'eau environnante.

Dans l'eau, les manchots nagent à coup d'ailerons, les pattes servant de gouvernail. Ils sautent parfois hors de l'eau comme les marsouins, sans doute pour respirer, mais aussi, probablement, pour éviter l'apparition de turbulences qui freineraient leur « vitesse de pointe » (48 km/h). Ils arrivent à monter d'un seul bond sur une rive de près de 2 mètres de haut. À terre, les manchots marchent debout, bien qu'il leur arrive de glisser sur le ventre (toboganning). Les manchots plongent pour rechercher leur nourriture (à plus de 400 m pour l'empereur), en retenant leur respiration plusieurs minutes.

Les manchots se nourrissent de plancton, de poissons et de céphalopodes, selon les espèces et les saisons. Pour éliminer l'excès de sel de leur nourriture, les reins ne suffisent pas ; comme d'autres oiseaux de mer, ils possèdent des « glandes à sel », au-dessus des orbites et débouchant au-dehors par un canal excréteur.
Après leur repas, ils secouent la tête pour chasser la « goutte au bec ». Les manchots observent de longues périodes de jeûne lorsqu'ils sont à terre pour se reproduire et pendant la mue.

Tous nichent à terre, ou sur la glace : certains dans des terriers qu'ils creusent ou sous des blocs rocheux, les autres à l'air libre, sur un nid rudimentaire. Seul l'empereur et le manchot royal n'ont pas de nid. Après une période d'engraissement en mer, les mâles retrouvent leurs nids à terre, parfois à une centaine de kilomètres, où les femelles les rejoignent. Ces manchots sont monogames et on voit alors souvent les mêmes couples se former. Les manchots pondent un ou deux œufs, mais un seul poussin est en général conservé. Les parents couvent alternativement et se relayent pour nourrir leur poussin selon un « calendrier » propre à l'espèce. Ils régurgitent la nourriture que le petit vient prendre dans leur jabot (une poche sous la gorge où ils stockent la nourriture).

Les manchots forment d'immenses colonies avec parfois plusieurs milliers de couples, souvent d’espèces différentes, à un seul endroit. Les poussins sont souvent réunis dans des crèches, ce qui limite la prédation et améliore la thermorégulation des petits, c’est-à-dire la capacité du corps à rester à une température souhaitée. Cris, plumage, mais aussi postures ou mouvements de tête leur servent à communiquer (parade, défense de territoire, etc.). Chaque poussin possède son cri, reconnu par les parents malgré la grande taille des colonies.

Les seuls prédateurs des manchots sont les orques, les phoques et les léopards de mer, ou bien, à terre, les skuas, les labbes et les pétrels géants qui attaquent les plus faibles. L'homme a exploité les manchots pour leurs œufs, leurs plumes et surtout leur huile (les corps pressés servaient de combustible sous les marmites de graisse de phoque ou de baleine.). Ils sont actuellement protégés.
Néanmoins, des études ont montré que de fortes variations de températures dans le passé ont grandement perturbé les populations de manchots, ce qui pourrait suggérer que le dérèglement climatique actuel pourrait avoir un effet sur leur capacité aussi bien à se nourrir qu’à trouver un habitat, de par les mauvaises conditions de la glace de mer. 

Le manchot de Magellan

Le manchot de Magellan (Spheniscus magellanicus)
Le plus septentrional. Pond deux œufs dans un terrier profond (3 m) creusé dans le sable ou une pente herbeuse (Incubation : 28 j). Le terrier lui permet de réguler sa température, aussi bien en hiver qu’en été, car il risque à ce moment-là de souffrir de la chaleur. Se nourrit de seiches et de poissons.

Le manchot royal

Le manchot royal (Aptenodytes patagonicus)
Pond un œuf entre fin novembre et février, deux fois en trois ans (Incubation : 55 j). Pas de nid, et vit sur les plages. Il se nourrit en mer, de poissons et de calmars. Plonge régulièrement jusqu’à 200 m de profondeur. Il est reconnaissable par la tâche en forme de cuillère à son oreille, qui le différencie du manchot empereur.

Le manchot papou

Le manchot papou (Pygoscelis papua)
Pond deux œufs en septembre/octobre sur un nid de cailloux parfois recouvert de végétaux ou de plumes (Incubation : 35 j). Se nourrit surtout de poissons, parfois de crustacés et de calmars. Mesure entre 75 et 80 cm, mais ce n’est pas le plus petit des manchots. Ils nichent dans des rookeries très bruyantes et nauséabondes.

Le manchot Adélie

Le manchot Adélie (Pygoscelis adeliae)
Plutôt agressif. Escalade roches et pentes glacées. Pond deux œufs sur un nid de cailloux (Incubation : 36 j). Se nourrit essentiellement de krill. La plongée dure en général un peu plus de deux minutes. Son plus grand prédateur est le léopard de mer, qui se cache aux abords des côtes pour l’attraper quand il ressort de l’eau.

Le manchot à jugulaire

Le manchot à jugulaire (Pygoscelis antarctica)
Pond deux œufs sur un nid de gravier. Il est agressif et vole parfois les nids des manchots Adélie, qui vivent dans le même habitat. Aime s’installer sur les icebergs. Se nourrit de krill et d'un peu de poisson.

Le gorfou doré

Le gorfou doré (ou Macaroni) (Eudyptes chrysolophus)
Pond deux œufs sur un nid de pierres, mais en général seulement le deuxième, plus gros que le premier, va éclore. . Se nourrit de krill et de poissons. Comme beaucoup de manchots, ils avalent des cailloux qui leur permettent de plonger plus profondément.

Le gorfou sauteur

Le gorfou sauteur (Eudyptes chrysocome)
Progresse par bonds sur les éboulis au lieu de les contourner sur le ventre comme le font d’autres espèces. Pond deux œufs, dont seulement un va éclore, dans un nid fortement protégé par les parents. Se nourrit de krill et de poisson. On le différencie du gorfou doré grâce à la couleur de ses yeux et à la forme de ses aigrettes jaunes.

Le manchot empereur

Le manchot empereur (Aptenodytes forsteri)
Le plus grand des manchots (jusqu’à 130 cm pour un adulte). Seule espèce à se reproduire au cœur de l'hiver, sur l'Antarctique (-30 °C). Pose son œuf unique sur les pattes, sous un repli de peau. Le mâle jeûne plus de trois mois pendant la couvaison et perd la moitié de son poids ; il parcourt ensuite jusqu'à 300 km sur la banquise pour atteindre la mer. Se nourrit de krill, de calmars et de poissons.

Plus de détails :

  • Les manchots (Tollu) 
  • Guide des oiseaux et mammifères (Prévost/Mougin) 
  • Pour la Science n° 30 
  • La Recherche n° 119 
  • L'Antarctique (Trad. Avérous/Mazin) 
  • Géo n°5 88, 146 
  • Atlas de la vie sauvage (Ed. René Malherbe) 

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