SOMMAIRE
OCÉAN ET VIE MARINE
- L’ARCTIQUE ET LA CIRCULATION OCÉANIQUE
- GENÈSE DE L’OCÉAN ARCTIQUE
- LE PLANCTON ARCTIQUE
- BIODIVERSITÉ MARINE ET RÉSEAU ALIMENTAIRE
- BALEINES ET AUTRES CÉTACÉS
- PHOQUES ET MORSES
VIE TERRESTRE
- LA FLORE POLAIRE
- LA FAUNE POLAIRE
- L’OURS BLANC
- LES OISEAUX DE L’ARCTIQUE
- EVOLUTION DES ESPÈCES ET CLIMAT
HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE
- GÉOGRAPHIE DES RÉGIONS ARCTIQUES
- PÔLE NORD GÉOGRAPHIQUE, PÔLE NORD MAGNÉTIQUE
- A QUI APPARTIENT L’ARCTIQUE ?
- LES DÉCOUVREURS DU GRAND NORD
- LES INUITS
- LES AUTRES PEUPLES DU GRAND NORD
- L’ARCTIQUE AUJOURD’HUI
LE PLANCTON : UN MONDE MINUSCULE INSOUPÇONNÉ
Le mot “plancton” désigne l’ensemble des êtres vivants qui flottent en pleine eau, incapables de lutter contre les courants. L’univers planctonique possède ses végétaux (le phytoplancton, constitué d’algues unicellulaires) et ses animaux (le zooplancton : oeufs, larves, petits animaux, êtres gélatineux, etc.).

LE PHYTOPLANCTON, PREMIÈRE ÉTAPE DE LA VIE MARINE
Les algues du plancton poussent en surface, dans les premières dizaines de mètres, là où la lumière permet la photosynthèse ; en effet, comme pour les végétaux terrestres, le phytoplancton a besoin d’éléments minéraux et de lumière pour se développer. Il existe des milliers d’espèces d’algues planctoniques, toutes microscopiques : premier maillon de la chaîne alimentaire marine.
LE ZOOPLANCTON
Dans le plancton, on trouve la plupart des groupes zoologiques marins : des animaux unicellulaires aux méduses, dont l’ombrelle peut dépasser 2 m de diamètre ! Cependant, les crustacés y ont une place de choix : les minuscules copépodes figurent même parmi les animaux les plus nombreux de la planète, sans oublier les “fausses crevettes” du krill polaire.


LA VIE PLANCTONIQUE, DANS L’OCÉAN ARCTIQUE
Pendant la nuit polaire, la poussée d’algues planctoniques s’arrête. Au dégel, rejets de saumures et d’organismes piégés dans la glace, courants et ruissellements enrichissent en éléments nutritifs les eaux, en bordure de banquise. Avec le retour du soleil, la vie marine se réveille, relançant la chaîne alimentaire. En été, les microalgues poussent même sous et dans la banquise !
LES FLORAISONS DU PHYTOPLANCTON
Les plantes marines ne voient jamais leur croissance limitée par manque de gaz carbonique… ni par manque d’eau ! Par contre, elles ont besoin, pour élaborer leur matière vivante, de lumière et de matières nutritives (phosphates, nitrates, oligo-éléments, etc.) ou nutriments.
Malheureusement, la lumière est limitée à la couche superficielle alors que, en dehors des zones côtières fertilisées par les apports continentaux, les nutriments abondent dans les eaux profondes. Ils proviennent, du recyclage par les bactéries de la matière organique qui chute vers les profondeurs.
Dans l’océan, les zones où le phytoplancton va proliférer (diatomées, flagellés…) seront donc celles où les nutriments se retrouvent près de la surface éclairée (eaux peu profondes, zones de remontées d’eau ou “upwellings”).

LA PRODUCTION PRIMAIRE DES OCÉANS
Les océanographes apprécient la quantité de plancton végétal présent à un moment donné dans une région océanique (biomasse) en mesurant la teneur des eaux en chlorophylle. La biomasse végétale de l’océan, presque totalement due à des algues microscopiques, est mille fois inférieure à celle des plantes terrestre. Par contre, le phytoplancton se multiplie très rapidement : une seule diatomée peut donner, à raison de deux divisions cellulaires par 24 heures, 1 million de descendants au bout de 10 jours ! Rien à voir avec un arbre de nos forêts qui demande parfois 100 ans pour achever sa croissance. Aussi, grâce à la rapidité de multiplication des algues planctoniques, la production primaire de l’océan, mesurée en utilisant le carbone 14 absorbé par photosynthèse comme traceur, devient, elle, comparable à la production continentale : un hectare d’océan produit annuellement de 200 kg à plus de 2 tonnes de carbone selon les régions, contre 2 tonnes pour un champ de maïs.
SOUS L’ŒIL DES SATELLITES
De nombreuses lacunes subsistent encore dans notre connaissance de la productivité de l’océan ; certaines zones sont insuffisamment explorées et tous les processus de croissance ne sont pas encore complètement élucidés (carences, agitation de l’eau, etc).
L’observation par satellite, qui permet de mesurer la vitesse de vents et des courants, la “rugosité” de la mer, la température de l’eau, la teneur en chlorophylle, etc. constitue un outil exceptionnel pour mieux comprendre les “floraisons” planctoniques océaniques.
DES CRUSTACÉS ROIS DU ZOOPLANCTON : LES COPÉPODES
On dit que chaque litre d’eau de mer contient de 1 à 10 copépodes !
Ces minuscules crustacés ont un corps en forme de grain de riz, portant des pattes en forme de rames, parfois un oeil relativement évolué – plus proche d’une lunette ou d’un télescope que de notre oeil humain – et des antennes démesurées.
De moins d’un millimètre à plusieurs centimètres selon les espèces, bleus ou rouges, incolores ou luminescents, benthiques ou pélagiques, polaires ou tropicaux, on compte quelque 2 000 espèces de copépodes planctoniques. En raison de leur importance dans l’océan, les biologistes les observent avec beaucoup d’attention : identification des espèces, études des contenus stomacaux, estimation des rations journalières, recherche des facteurs de croissance, consommation d’oxygène, fertilité, etc.
DE FAUSSES CREVETTES
Le krill est un mot norvégien qui désigne de fortes concentrations d’euphausiacés, petits crustacés à l’allure de crevettes – et autrefois classés parmi ces dernières – conservant de nombreux caractères des crustacés primitifs.
On estime le stock de krill à quelque 500 millions de tonnes. Le krill n’est pas stricto sensu, planctonique, puisqu’il nage à 0,5 km/h en essaim et dépasse 2 km/h individuellement. Et à cause de cela, certains spécialistes le classent dans le macroplancton, alors que, pour d’autres, il fait partie du micronecton (du grec nektos, qui nage, comme les poissons, les cephalopodes, etc.). De plus, le krill effectue des migrations verticales dans les 100 premiers mètres de profondeurs, et parfois au-delà, pour rechercher sa nourriture en filtrant l’eau l’aide d’appendice en forme de peignes très fins.
PAUVRETÉ DE L’OCÉAN ARCTIQUE CENTRAL
Au centre du bassin polaire, la production phytoplanctonique est très faible : moins de 100 mgC/m2/jour ; dans la bande qui l’entoure (plateau continental), elle reste inférieure à 150. Nettement plus riches (200 à 500 mgC/m2/jour) sont les régions ouvertes sur l’Atlantique et le Pacifique – parages de Béring et des Aléoutiennes, bassin Scandinave, mers de Baffin et du Labrador – ainsi que les eaux côtières (plus de 500 mgC/m2/jour).
Toutefois, il faut se rappeler que ce sont là des valeurs moyennes, qui estompent les hétérogénéités locales ou saisonnières, voire annuelles ; mais le bassin polaire central est toujours exclu des zones les plus riches.
À titre de comparaison, la production primaire en Méditerranée occidentale est de 100 mgC/m2/j et de 10 000 mgC/m2/j sur les côtes du Pérou, exceptionnellement riches.
LA VIE DU PLANCTON ARCTIQUE, EN ÉTÉ
Les biologistes formulent plusieurs hypothèses pour expliquer la vie du plancton arctique.
Au printemps, la fonte de la glace produit une couche dessalée et stable en surface, dans une eau riche en sels nutritifs. Ce phénomène permet l’amorçage de la multiplication des micro-algues : le développement puis le recyclage des déchets de certaines espèces stockées dans la glace, sous la banquise, procure une partie des “ingrédients” nécessaires.
En mers de Barents et de Norvège, le déroulement de la première “génération” (ou cohorte) des espèces de copépodes dominantes (Calanus finmarchicus et C. glacialis) montre que la mise en hibernation (diapause en eau profonde) ou la sortie de l’hibernation de copépodes, le développement de leurs organes génitaux et la ponte semblent être déterminés de façon à ce que les premiers stades – herbivores – soient synchronisés avec le développement du phytoplancton en surface.
En mer du Groenland, l’eau qui sort de l’océan Arctique contient peu de zooplancton ; dans cette région, seul le mélange avec l’eau atlantique, transportant les stades de diapause des copépodes et probablement d’autres espèces (microphages de type salpe) peut introduire des brouteurs herbivores ; le phytoplancton y est donc très abondant.
QUE SE PASSE-T-IL EN HIVER ?
LE COIN DES BIOLOGISTES

UN PEU DE VOCABULAIRE
On peut classer les organismes planctoniques :
– Selon leur taille :

– Selon leur position dans la mer : en surface, on parle d’épiplancton . C’est là que se trouvent la plupart des organismes les plus connus (copépodes, petites crevettes…). Et l’on désigne par bathyplancton ceux qui vivent dans les zones profondes des océans. Ce sont les grands animaux transparents, filtreurs du type méduse, qui s’adaptent le mieux à la pauvreté du milieu.
– Selon leur forme adulte : lorsque l’organisme planctonique ne passe que sa vie larvaire en pleine eau (par exemple les larves d’oursins, de poissons benthiques, de vers…) on parle de méroplancton .
On les distingue de l’holoplancton , qui rassemble les animaux qui demeurent planctoniques leur vie entière (foraminifères, radiolaires, copépodes, chétognathes, etc.).
POUR ALLER PLUS LOIN…
BIBLIOGRAPHIE
- L’Arctique et l’environnement boréal, P. Avérous – CNDP, 1995
- L’Antarctique et l’environnement polaire (2) “EREBUS” ,P. Avérous – Dossier pédagogique – CNDP-1992
- Chercheurs sur l’Océan”, P.Avérous – Hachette -1981
- Les missions de l’Antarctica : la traversée de Pacifique -1994
- Arctic Flora and Fauna : status and conservation (CAFF, Conservations of Arctic Flora and Fauna, Helsinski Edita, 2001)

